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BFA-INSD-ENTE-2022-v01
Titre
Enquête nationale sur le travail des enfants au Burkina Faso 2022
Résumé
Issue d'un travail collaboratif entre l'INSD, le Ministère en charge du travail, le BIT, l'UNICEF et d'autres acteurs de lutte contre le travail des enfants, cette étude réalisée au dernier trimestre de 2022 a combiné plusieurs méthodes pour aboutir à des résultats instructifs sur le travail des enfants.
Une revue des textes législatifs et des politiques de lutte contre le travail des enfants a permis d'adapter le cadre conceptuel international aux réalités burkinabè. Elle a également servi à enrichir les outils de collecte et l'analyse des données. Ces outils ont été éprouvés par un test cognitif afin de tester leur niveau de compréhension par les enquêtés eux-mêmes.
A la suite de ce test, une collecte de données sur un échantillon de 3 398 ménages répartis sur trois strates que sont la strate de Ouagadougou, celle des autres villes et celle du milieu rural. Cet échantillon est tiré selon un plan de sondage à deux degrés. Au premier degré, il a été tiré 283 Zones de Dénombrement (ZD) proportionnellement à leur taille de population. Au second degré, il a été tiré avec probabilité égale, 12 ménages par ZD. Au sein de chaque ménage tous les enfants de 5 à 17 ont été concernés par l'enquête.
Après l'apurement et le traitement des données, l'analyse s'est fondée sur des méthodes bivariées et une méthode multivariée traduite par l'application d'une régression probit bivarié.
Ces travaux de l'enquête ont fourni les principaux résultats qui suivent. L'incidence des enfants au travail se situe à 40,3 %. Elle est plus élevée chez les filles (44,4%) que chez les garçons (36,4%). Cette incidence augmente avec l'âge des enfants et passe de 33,1% chez les enfants de 5 à 12 ans à 56,6% chez les plus âgés (16-17 ans). Aussi, les enfants vivant en milieu rural sont plus impliqués dans le travail (46,3%) que ceux résidant à Ouagadougou (20,3%) ou dans les autres villes (26,5%).
En ce qui concerne l'implication dans le travail des enfants à abolir y compris la recherche d'eau et de bois, 31,9% des enfants sont concernés dans le pays. Le travail des enfants à abolir a une incidence plus forte chez les filles (35,8%) que chez les garçons (28,2%). La prévalence du travail des enfants à abolir varie peu avec le groupe d'âge. Si chez les enfants de 5 à 12 ans, elle est de 33,1%, elle reste autour de 29% dans les deux autres groupes d'âge.
Par contre, l'incidence du travail des enfants à abolir varie nettement avec le milieu de résidence. Elle est de 15,3% à Ouagadougou, puis augmente à 18,9% dans les autres villes et atteint 37,2% en milieu rural. Quant à l'impact du travail dangereux, il ressort que 18,6 % des enfants sont concernés au plan national. La prévalence de ce type de travail est plus accentuée chez les filles (21,7%) que chez les garçons (15,6%).
Aussi, elle croit avec le groupe d'âge des enfants de 14,2% chez les enfants de 5 à 12 ans à 29,1% chez les enfants âgés de 16 à 17 ans. L'intensité du travail dangereux chez les enfants varie selon le milieu de résidence. A Ouagadougou 9,5% des enfants sont victimes de travaux dangereux. Cette prévalence est de 12,1% dans les autres villes du pays et de 21,4% en milieu rural.
Au-delà des résultats précédents sur les aspects descriptifs, une analyse explicative des données révèle
quelques déterminants du travail des enfants à abolir au Burkina Faso. Parmi ces déterminants, il y a le sexe, l'âge, le milieu de résidence de l'enfant et certaines caractéristiques du ménage ou du chef de ménage. En effet, les enfants des ménages vivant en milieu rural sont plus susceptibles d'être astreints au travail des enfants à abolir que ceux du milieu urbain. De même, les enfants relativement plus âgés ont plus de risque d'être impliqués dans le travail des enfants à abolir que les plus jeunes.
Les résultats montrent également que les filles ont plus de risque d'être astreintes au travail à abolir que les garçons et les ménages de grande taille sont moins enclins à engager leurs enfants dans le travail à abolir.
Quant au niveau de vie du ménage, toutes choses égales par ailleurs seuls les enfants des ménages très riches ont moins de risque d'être astreints au travail des enfants par rapport aux enfants des très pauvres. Le fait aussi qu'un ménage soit non endetté diminue le risque que ses enfants soient astreints au travail des enfants par rapport à ceux des ménages endettés.