Résumé |
Les pays de l’UEMOA organisent de manière régulière des enquêtes sur les conditions de vie des ménages. Les données issues de ces enquêtes permettent d’apprécier les conditions de vie des populations à l’intérieur des Etats, mais ne permettent pas des comparaisons entre eux, du fait d’un ensemble d’éléments liés aux méthodes et conditions de collecte de ces données. Pour pallier cette insuffisance, la Commission de l'UEMOA met en œuvre un Programme d’harmonisation et de modernisation des enquêtes sur les conditions de vie des ménages (PHMECV). Ce programme a bénéficié de l’appui technique et financier de la Banque mondiale et a pour objectif d’améliorer la disponibilité, la qualité et la comparabilité des indicateurs de suivi de la pauvreté et des conditions de vie des ménages dans ses Etats membres. Ainsi, l’EHCVM a été lancée dans chacun des pays membres de l’UEMOA en 2018.
Au Burkina Faso, la deuxième édition de l’étude a été réalisée par l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD) en 2021. Elle a porté sur un échantillon de 7 176 ménages et a mobilisé d’importantes ressources financières et matérielles. La collecte des données s’est déroulée en deux vagues portant chacune sur une moitié de l’échantillon. Débutée en juillet 2021, elle a pris fin en juillet 2022. La mise en place d’une équipe de veille et l’usage des supports électroniques a permis de contrôler la cohérence des données durant tout le processus. Les informations collectées sont traitées et analysées à travers des thématiques sur 13 secteurs clés, à même de rendre compte des conditions de vie des ménages burkinabè.
Globalement, dans les différents domaines analysés, le niveau des indicateurs est meilleur pour le milieu urbain, pour les régions du Centre et des Hauts-Bassins et pour les ménages dirigés par des chefs instruits et non pauvres. La région du Sahel et dans une moindre mesure celle de l’Est accusent de nombreux retards par rapport aux autres.
Dans le domaine de l’éducation, les défis sont énormes, car la population adulte est majoritairement analphabète (58,0%). Les inégalités dans la fréquentation scolaire entre garçon et fille sont persistantes selon la zone ou la région de résidence. Ainsi, le taux de fréquentation scolaire des garçons (32,6%) est quasiment le double de celui des filles (18,5%) en 2021. Par ailleurs, la qualité de l’enseignement dans les différents cycles reste critique. En effet, dans tous les cycles moins de la moitié des jeunes ont atteint le niveau terminal.
Bien que le taux de chômage soit faible (1,4%), le sous-emploi (estimé à 22,0%) demeure une contrainte majeure. Par ailleurs, le chômage au sens large touche 3,9% des personnes de 15 ans ou plus.
L’Etat global de la santé de la population reste préoccupante. En effet, 28,0% des burkinabè ont souffert d’une maladie ou ont subi une blessure ou un accident. Parmi ces personnes morbides six personnes sur dix (61%) ont été empêchées de mener leurs activités quotidiennes normales du fait de la maladie. Environ 22% des personnes morbides ayant consulté un centre de santé ont parcouru plus de 5 km. La principale cause de cette morbidité est le paludisme.
A ces difficultés d’ordre sanitaire s’ajoutent les problèmes d’accès aux logements décents. Trois ménages sur cinq (59%) vivent dans des logements en matériaux précaires et 28,8% dans la promiscuité. Seulement 16% sont connectés au réseau national interconnecté et 46,4% utilisent l’énergie solaire. Aussi, l’accès à l’eau et à l’assainissement reste limité.
Les entreprises familiales occupent une place importante dans l’économie burkinabè. Elles sont majoritairement informelles (98,9%). De plus, seulement 2,4% tiennent une comptabilité écrite, 1,8% disposent d’un numéro IFU et 0,6% ont déclaré leurs employés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Ces entreprises exercent dans un contexte national marqué par un faible taux de bancarisation (10,0%). Toutefois, l’utilisation des services financiers (25,2%) s’améliore grâce à l’avènement du mobile banking. Outre les revenus tirés des activités conduites par les populations, les transferts monétaires constituent une importante source de revenu pour les ménages burkinabè. Environ 30% des ménages ont reçu au moins un transfert monétaire au cours des 12 mois précédents l’enquête.
Les ménages burkinabè subissent assez régulièrement des chocs qui ont des impacts négatifs sur leurs revenus, leurs avoirs, leur production, leurs stocks et les achats alimentaires, etc. Ainsi, environ huit ménages sur dix déclarent avoir subi au moins un choc durant les trois dernières années précédant l’enquête. Face à ces chocs, plusieurs stratégies sont développées parmi lesquelles l’utilisation de sa propre épargne (42,0%), le recours à l’aide des parents ou d’amis (6,0%) et la vente du bétail (8%).
L’Agriculture regroupe plusieurs branches dont la production végétale, l’élevage, la pêche et la sylviculture. Elle occupe 80% de la population Burkinabé. La principale forme de production agricole demeure l’agriculture familiale qui se caractérise par une gestion collective des parcelles agricoles (68,3 %). De plus, le principal mode d’acquisition des terres agricoles demeure l’héritage (81,2%) et ces terres agricoles sont exploitées par des ménages qui ne disposent d’aucun document légal (95,2%). Aussi la majorité des agriculteurs (97,0%) utilisent une source d’eau pluviale pour leurs activités agricoles et une grande partie des parcelles agricoles exploitées (54,8%) ont un sol sableux. Par ailleurs, le labour attelé (59,4%) demeure le principal mode utilisé. Dans un contexte sécuritaire difficile, 3,1% des ménages pensent qu’il y a des risques de perdre les droits associés à leurs parcelles agricoles au cours des cinq prochaines années.
L’activité d’élevage est pratiquée par 63,2% des ménages. Parmi ces ménages éleveurs, 74,4% élèvent des poulets, 65,0% des chèvres et 57,7% des moutons. En termes d’effectif, le pays compte également 5,6 millions de têtes de bœufs, 9,9 millions de têtes de moutons, 10,1 millions de têtes de chèvres, 1 million de porcs et 36,5 millions de têtes de volaille. La moitié des ménages éleveurs produit de la viande, et un ménage sur cinq, produit des œufs. La production de lait reste faible (7,4% des ménages éleveurs) et sa transformation concerne peu de ménages (4,9% des ménages éleveurs). L’ensemble des dépenses consenties par les ménages éleveurs s’élèvent à plus de 340 milliards de FCFA.
Parmi les programmes de filets sociaux de sécurité étudiés, don de fournitures scolaires pour les élèves à l’école et la gratuité des soins pour enfants de moins de 5 ans enregistrent les meilleures performances avec respectivement 50,9% et 47,8% comme proportion des ménages bénéficiaires. |